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l'imagination au pouvoir
2 juin 2019

l'appel du large

Hymne à l’océan.

 

Un homme  se tenait, toujours, tout au bout de la jetée, et observait l’océan. Il regardait loin, de plus en plus loin. C’était fascinant.  Cet homme possédait beaucoup de matériel d’observation, dans son phare, y compris une lunette. Ce qu’il voyait formait un spectacle sans cesse renouvelé. Il regardait l’océan sans se lasser, jour après jour, épiant les vagues, les oiseaux de mer qui s’y posaient, les gros poissons, les baleines aussi, quelquefois. Et le gardien de phare rêvait devant toute cette étendue d’eau mouvante, pleine de vie, mais aussi devant le ciel. L’océan et le ciel pouvaient se confondre ; où commençaient les nuages ; où finissait l’horizon. Les couleurs que prenaient ces deux éléments. Et les coucher de soleil !  La rêverie du gardien de phare restait sans fin. Il pouvait rester ainsi des heures, à contempler la mer et le ciel.

Il y avait une statue, non loin de la jetée où se trouvait le phare, représentant une déesse, personne n’aurait su dire exactement laquelle. C’était une jolie statue, d’une femme aux longs cheveux, couverte d’algues qui masquaient son pubis. Cette déesse était très fine, possédant un regard à la fois doux et profond. Elle se tenait debout sur un rocher où s’accrochaient des moules et d’autres coquillages. Le gardien de phare aimait beaucoup cette statue. Et puis pour lui, c’était une présence qu’il appréciait, qui le rassurait. Quand il la regardait, il se sentait moins seul. C’est que le gardien de phare avait perdu sa femme depuis très longtemps, et n’avait pas d’enfant.

Ce soir-là, regardant l’océan depuis son phare, ses yeux de lynx crurent voir, dans la pénombre, une petite reproduction de la statue dans l’eau. Connaissant cette statue par cœur, il eut un mouvement de surprise, se frotta les yeux, les rouvrit. Il lui semblait  que la statue remuait. L’océan ? La grève ? Le gardien de phare dévala l’escalier, courut à la statue sur la plage. Celle-ci, toujours en place, restait froide, se dressant immobile dans la nuit. Perplexe, l’homme retourna sur la jetée, et regarda au loin. Non, il ne rêvait pas. Il y avait quelque chose, là-bas dans l’eau, qui bougeait, en silence. Et le gardien de phare se demandait vraiment ce que c’était. Il observa l’océan, calme cette nuit-là, et n’hésita plus. Il ôta ses vêtements et plongea sans plus réfléchir. Il alla droit vers l’apparition, tout en priant pour ne pas être victime d’une hydrocution. On était fin septembre, l’eau n’avait plus la relative chaleur de l’été. Enfin, il arriva à la hauteur de la petite statue. Il l’attrapa dans ses mains, prêt à la récupérer dans son phare, l’examina rapidement, en claquant des dents. C’était effectivement une reproduction de la statue de la plage, mais alors que le gardien de phare faisait un geste pour s’éloigner et revenir sur le sable, il se sentit tiré par en-dessous.

-          Ah ça ! s’exclama-t-il.

Il voulut se dégager d’un brusque mouvement de jambes, mais ce fut sans effet.Il prit une inspiration, et se laissa entraîner sous l’eau, gardant les yeux ouverts. Il vit alors celui qui avait récupéré la statue, et qui voulait le noyer au fond de l’eau : c’était un gros poisson. Mais qu’avait-il ? Le gardien de phare ne le voyait pas en entier. Brusquement, il saisit la queue et serra de toutes ses forces. La créature marine en lâcha la statuette, qui tomba sur la tête de l’homme commençant à émerger.

-          Imbécile ! fit une voix féminine.

Ses mains à lui glissèrent tout le long du corps du poisson, touchant une poitrine très douce, une bouche sensuelle, de longs cheveux. Enfin,  émergeant pour de bon, il voulut sortir de l’eau. Puis plus rien.

Quand il se réveilla, quelques heures plus tard, il était en slip, étendu sur la plage, près de la statue d’Amphitrite. Il éternua. Il en était quitte pour un bon rhume. Il se rhabilla et retourna à son phare, tout déconfit. Avait-il rêvé ? Il chercha en vain la réplique de la statue.

Il se tenait, toujours, tout au bout de la jetée, et observait l’océan. Il observait, encore et toujours, du haut de son phare, dans l’espoir de revoir la sirène…

 

© Claire M.

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