les aventures de Sylvestre à la fac
Les avatars de Sylvestre
Il n’y avait pas que mes humeurs lycéennes ; au fil du temps, j’ai écrit de plus en plus, et surtout de plus en plus pour moi. Une fois arrivée à la fac, seule dans un grand amphi ou même dans une petite salle de cours, j’ai continué à écrire, mais pour moi cette fois-ci, et non plus pour correspondre avec Caliméro. Ne serait-ce que pour me défouler, ou pour parler des sorties d’albums d’un mouvement découvert au lycée (Georges, tu as ma reconnaissance éternelle !) : le hard rock, devenu ensuite heavy metal puis raccourci en metal. Mon enthousiasme pour cette musique ne faiblit d’ailleurs toujours pas. Le metal, depuis le lycée, est devenu mon monde. Et un beau jour, je me suis lancée, et ai commencé un délire sur une jungle de métalleux. Il y a eu une suite : en tout, 23 aventures de Sylvestre composées chacune d’une trentaine d’épisodes et donc de feuilles. J’ai écrit le premier épisode puis, comme je m’éclatais avec ces aventures, je m’y suis mise plus sérieusement, et ai écrit les 22 autres à la maison. Mais alors, qu’écrire en cours ?
Une fois à Lille 3, l’illumination m’est venue, et j’ai initié un nouveau délire, assumé comme tel : mon émission de radio, « Sylvestre puissance 10 », diffusant principalement du… metal. Mes héros musicaux me rendaient visite, et j’ai imaginé pléthore de gags. En réalité, j’ai fini par me rendre compte que je faisais cela pour ne pas pleurer, et compenser mon quotidien, ma solitude. « Ecriture consolation ». Là au moins, je ne manquais pas d’amis, y trouvait même l’amour – source de nouveaux gags. L’affaire a évolué avec le temps, et est finalement devenue un couple sur écoute, par la sympathique équipe de… Radio Londres, « la radio des grands événements », sur laquelle je diffusais. Tout cela, au début, je l’appelais DGV : Délire Grande Vitesse. Caliméro était-elle dupe ? En tout cas, cela la faisait rire. Pour elle, je recopiais les meilleures vannes, et cela constituait un « nourjal », Le petit nourjal. J’écrivais un court édito, puis c’était parti. J’inventais aussi de petits jeux, et une histoire rien qu’en dialogues, toujours sans aller à la ligne.
En effet, par discrétion, en cours j’utilisais des feuilles format A4, pliées en quatre. Dans ces conditions, aller à la ligne m’aurait fait perdre de la place. Je reste persuadée que c’est pour cela que l’on apprécie autant mes dialogues : ça me semble effectivement une bonne école. Ne pas aller à la ligne implique de caractériser les personnages autrement : par la langue (je l’écrivais aussi en anglais, mais pas seulement), la façon de parler, l’utilisation des adjectifs, les interpellations…
Tout cela mis à part, rassurez-vous : même si je me suis plantée en Lettres classiques, j’ai obtenu haut la main ma maîtrise en Lettres modernes, puis une seconde maîtrise. Et mon plantage en Lettres classiques s’explique davantage par un niveau complètement différent selon les universités, surtout en grec, dont j’ai fait les frais. Je reconnais tout de même m’être rendue compte que je ne faisais plus d’étincelles en latin, une fois à l’université. J’estime cependant qu’au lieu de leur accorder l’autonomie, on ferait mieux d’harmoniser le niveau entre toutes les facs de France et de Navarre…
Claire M.